Nous avons vu dans un article précédent comment s’initier à la proxyphotographie avec les champignons. Dans celui-ci, nous allons descendre un peu plus dans l’échelle de reproduction en utilisant les fleurs pour aborder la macrophotographie.
Comme les champignons, les fleurs ont un avantage, elles ne fuient pas quand elles vous voient, elles ne bougent pas, sauf en cas de vent. Et elles sont une source illimitée de formes et de couleurs.
Pour sortir des sentiers battus, c’est au cœur des fleurs, et à leurs organes reproducteurs, que nous allons nous intéresser.
Vous trouverez les photos réalisées pour écrire cet article dans cet album.
La macrophotographie, qu’est-ce que c’est ?
La macrophotographie est la photographie de sujets à une échelle de reproduction égale ou supérieure à 1:1, ce qui signifie que le sujet va avoir sur le capteur de l’appareil la même taille que sa taille réelle ou une taille supérieure. Dans la pratique, la limite entre proxyphotographie et macrophotographie se situe autour du rapport 1:2. Dans le rapport de reproduction tel qu’il est exprimé (par exemple 1:2) le 1er chiffre indique la taille du sujet sur le capteur et le deuxième la taille réelle du sujet. Par exemple, au rapport 1:1 (le sujet fait la même taille sur le capteur qu’en réalité) une abeille (10 à 12 mm de longueur) prendra près de la moitié de la plus grande dimension d’un capteur APS-C (24mm).
Macrophotographie, un matériel sophistiqué ?
N’importe quel appareil, du smartphone au réflex permet de faire de la proxiphotographie (rapport de reproduction de 1:3, 1:4, …). Pour des rapports de reproduction plus important (>1:2), un appareil à objectifs interchangeables (hybride ou réflex) est quasiment indispensable. Il est en effet extrêmement compliqué pour les constructeurs d’objectifs de concevoir sur le plan optique un zoom couvrant la photographie dans une gamme d’échelle allant d’un insecte à un paysage.
Mais ce n’est pas pour autant que la macrophotographie nécessite un équipement coûteux. On trouve maintenant des «objectifs macro» de qualité correcte atteignant le rapport 1/1 à moins de 200€. Une grosse partie des images de cet album ont été prises avec un objectif 7Artisans de 60mm F2.8 macro coutant 180€ (image 2). Ce n’est certes pas le top du top en matière de qualité (manque de contraste) et de confort d’utilisation (optique peu lumineuse malgré l’ouverture F2.8), mais il permet d’obtenir de belles photos pour qui n’a pas les ambitions d’un spécialiste.
D’autres photos de l’album ont été faites avec le zoom de l’appareil (un 16-80mm) monté sur 2 bagues allonge de 12 et 15 mm dispositif qui permet d’atteindre le rapport 2:1 pour un coût de quelques dizaines d’euros (objectif non compris). Enfin un essai a été fait avec un objectif très lumineux mais pas cher (un Kamlan 50mm F1.1) monté sur les mêmes bagues allonge, montage qui semble donner de bons résultats et procure un très bon confort du fait de la luminosité de l’optique.
Enfin, personnellement, je n’utilise pas de pied, équipement pourtant recommandé pour garantir la stabilité de l’appareil lors de la prise de vue, car c’est un accessoire encombrant, dont l’installation est souvent suffisamment fastidieuse pour que le sujet se soit déjà envolé lorsque tout est prêt pour le prendre en photo. En macrophotographie, on est souvent proche du sujet et le moindre bougé rend effectivement la photo inutilisable, mais avec une bonne maîtrise de sa respiration, le choix d’une vitesse suffisante et en acceptant de monter un peu en ISO, on arrive à faire de bonnes photos sans pied.
En pratique, les deux extrêmes en termes d’équipement macro sont :
- la bonnette, lentille qui se fixe devant l’objectif qui permet de faire de la macrophotographie occasionnellement,
- le soufflet, qui permet d’atteindre des rapports de grossissement (jusqu’à 5:1 voire plus) important mais qui est un équipement de spécialiste.
Macrophotographie, la prise de vue
En macrophotographie, on travaille à quelques centimètres du sujet, distance d’autant plus courte que la focale l’est. Une focale minimale de 75-100 mm en équivalent 24×36 permet de travailler à une distance suffisante, surtout si le sujet est timide (insectes par exemple). En macro de fleurs, on peut descendre à des focales plus courtes car le sujet n’est pas mobile. Les photos de l’album ont été prises avec un Fuji XT3 avec des focales (équivalent 24×36) allant de 75mm (Kamlan 50mm) à 140mm (zoom 16x80mm à 80mm), le 7Artisans ayant une focale équivalente 24×36 de 90mm.
Deux des objectifs utilisés (Kamlan et 7artisans) sont manuels. L’utilisation d’objectifs manuels ne pose pas de problème en macro parce que de toute façon les autofocus des appareils sont à leur limite de réactivité dans ces conditions de prise de vue. La mise au point se fait en général en fixant le rapport de reproduction puis en avançant ou en reculant l’appareil pour obtenir un sujet net.
La mesure de la lumière se fait par contre en automatique en réglant l’appareil en mode A (priorité à l’ouverture). On peut également fixer la vitesse de prise de vue pour éviter les flous de bougé en la mettant à une valeur au moins égale à l’inverse de la focale (par exemple 1/75è de seconde pour une focale éq 24×36 de 75mm). Si la quantité de lumière est insuffisante, l’appareil montera la sensibilité si on a pris la précaution de la mettre en mode auto. Outre la vitesse, c’est l’ouverture qui va être importante car elle détermine la profondeur de champ (zone sur laquelle le sujet est net). Celle-ci est très faible en macrophotographie (image 3), maximum quelques millimètres. L’ouverture sera donc choisie en fonction du style de photo que l’on veut réaliser :
- grande ouverture (F2.8) = faible profondeur de champ = une faible partie du sujet sera nette et le reste flou. Cette ouverture permet de mettre en valeur la partie du sujet sur laquelle on fait le point.
- petite ouverture (F8-F11) = profondeur de champs plus importante = une plus grande partie du sujet sera nette.
Certains appareils évolués sont équipés de bracketing de mise au point. L’appareil prend en rafale plusieurs photos du sujet en faisant varier automatiquement la distance de mise au point, qu’il assemble pour donner une image unique dont la profondeur de champ est augmentée. Cette technique peut être utilisée en prenant soit même plusieurs photos en faisant varier la distance de mise au point puis en les assemblant dans une application de traitement numérique appropriée. Dans les deux cas il faut travailler sur pied.
Macrophotographie, le traitement des images
A moins d’utiliser un objectif macro de qualité valant plusieurs centaines d’euros, les images obtenus en macro avec les optiques listées dans le paragraphe précédent donnent des images manquant légèrement de netteté et de contraste (Image 4). Les traitements appliqués vont tenter de corriger ces défauts. Les photos de l’album ont été traitées avec Photoshop (images jpeg), mais le processus de traitement serait quasiment identique avec GIMP.
Le contraste a été réglé au niveau de l’intégralité de l’image et au niveau du contraste des tons moyens avec l’outil Clarté.
Une meilleure netteté a été obtenue en améliorant les contours via le filtre passe-haut suivant la méthodologie suivante (image 5) :
- duplication du calque initial
- sur le nouveau calque, application du filtre passe-haut avec un seuil de 3 à 5 pixels (pour une image de 26 millions de pixel) et fusion avec le mode Incrustation (Fusion de grain dans GIMP)
- sur le même calque, application du filtre Tons sombres-tons clairs pour augmenter le contraste des contours en jouant sur le contraste des tons moyens
- augmentation de la saturation et recadrage éventuel
Ce traitement ne doit être appliqué que sur des images prises à basse sensibilité (<1000 ISO) car il a tendance à augmenter le grain. On peut réduire l’apparition du grain en appliquant le filtre réduction du grain sur le calque portant le filtre passe-haut.
Il faut manipuler tout les filtres listés ci-dessus avec beaucoup de modération pour éviter d’obtenir des images trop artificielles (par exemple dont les contours sont bordés d’une zone blanche). Appliqués avec discernement ces traitements donnent de bons résultats. Avec GIMP, on a également accès à tout un ensemble de filtres d’amélioration de la netteté dans la base de filtres G’MIC.
La nature offre un choix illimité d’opportunités pour exercer la macrophotographie, découvrir des formes insoupçonnées et stimuler sa créativité. De plus cette activité photo est un excellent moyen d’exercer son sens de l’observation.
Voir l’album Au cœur des fleurs
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