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Pratique photo : la photo des oiseaux dans une réserve ornithologique

Flamant rose sortant la tête de l’eau

Dans la plupart des cas, les oiseaux présents dans les réserves ornithologiques sont sauvages et ne sont pas maintenus en captivité. Ils adoptent donc des comportements identiques à ceux qu’ils ont en dehors des réserves. Simplement, ils ont pris l’habitude de voir passer des visiteurs paisibles et se laissent plus facilement approcher.

Ces réserves sont donc un vrai paradis pour le photographe amateur qui peut réaliser de superbes clichés sans pour autant utiliser un matériel dont le prix avoisine celui de sa voiture. C’est notamment le cas de la réserve de Pont de Gau, située en Camargue près des Saintes Maries de la Mer.

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La photo des oiseaux, la qualité des images n’est pas forcément liée au matériel

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Gros plan sur un bec de flamant

Ma première visite à la réserve de Pont de Gau avait été réalisée à la fin d’un mois de décembre, et celle qui sert de support à cet article mi-septembre de cette année. Lors de la 1ère visite, je disposais d’un Olympus DE M5 équipé de l’Olympus 100-300mm (voir les photos) et lors de la dernière d’un Fuji XT4 monté avec le Fuji 100-400mm (voir les photos). Bien que ces deux équipement ne jouent pas dans la même cour (micro 4/3-16MP contre APSC-26MP, qualité de l’optique) je suis tout autant satisfait de mes 1ères images que des récentes.

La définition du capteur n’est pas déterminante quand on regarde les images sur un écran d’ordinateur qui atteint tout juste 2MP. Seul avantage d’un capteur mieux résolu, c’est qu’on peut recadrer plus facilement ses images en gardant une définition correcte. Mais dans une réserve où on peut approcher les oiseaux de près, cet avantage n’est pas déterminant. Il n’en serait vraisemblablement pas de même si on souhaitait imprimer ces photos.

Comme on utilise des longues focales (600mm en équivalent 24×36 dans mon cas) sur des sujets qui ne prennent pas forcément la pose, la stabilisation du capteur et/ou de l’objectif est un confort appréciable (disponible sur les deux appareils).

Une autre différence entre les deux appareils est la qualité des images en haut ISOs. La sensibilité  monte rapidement pour peu qu’un nuage masque le soleil et compte tenu des paramètres de prise de vue (vitesse élevée). Le Fuji délivre de meilleures images que l’Olympus dès qu’on s’approche des 1600 ISO.

Il est donc possible de faire de belles images dans une réserve avec quasiment n’importe quel matériel pour peu qu’on en maîtrise les limites, et sous réserve de disposer d’une focale suffisantes (minimum 300mm en équivalent 24×36) pour que les  gros plans soient à portée et qu’on ne soit pas obligé de trop recadrer les images.

Image ci-contre : le cadrage très serré permet de mettre en évidence les détails anatomiques du bec (organes de filtration sous le bec)

Photographier aux bonnes heures

En général les oiseaux déploient une plus grande activité durant les toutes premières heures suivant le lever du soleil et les deux heures précédant son coucher. À ces moments là, le soleil est encore relativement bas quelle que soit la saison. La lumière est donc plus douce et les couleurs plus chaudes qu’en milieu de journée. Les images en seront d’autant plus belles et et les couleurs équilibrées et les oiseaux moins statiques.

Bien régler son appareil photo

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Fin de baignade d’un flamant rose

La vitesse de prise de vue exprimée en centièmes de secondes doit au moins être égale à la focale de l’objectif exprimée en mm pour le plein format. Ainsi pour un téléobjectif de 600mm, il faudra utiliser une vitesse minimale d’1/600ème de seconde. En réalité, avec les capteurs et les objectifs stabilisés, on pourrait descendre en dessous de cette valeur, mais utiliser cette recommandation garantira une meilleure réussite des photos, notamment des oiseaux en vol ou des scènes où les oiseaux sont agités.

Pour ma part, je règle mon appareil sur 1/1000ème de seconde. Outre l’obtention d’une bonne netteté en toutes circonstances,  cette vitesse élevée va permettre de travailler à une ouverture suffisamment grande (F4 à F5.6) pour obtenir  d’obtenir de beaux flous d’arrière plan.

En ce qui concerne l’autofocus, il est conseillé de le régler en AFC (autofocus continu) pour suivre les mouvements des oiseaux, et de réduire le nombre de collimateurs qu’il utilise pour garantir la mise au point sur un élément déterminant du sujet (en général les yeux).

En photo animalière, il faut savoir se faire discret mais rester réactif, et savoir anticiper un mouvement avec les bons réglages.

Image ci-contre : la vitesse élevée a figé le mouvement. Une vitesse un peu plus lente aurait permis de mieux rendre ce mouvement de fin de toilette avec un léger flou sur les ailes

Stabilité et netteté, du bon usage d’un téléobjectif

Un téléobjectif amplifie les mouvements de l’opérateur et une vitesse élevée et la stabilisation ne règle pas tous les problèmes de bougé de l’opérateur ou du sujet. L’utilisation d’un pied photo est souvent recommandée malgré la contrainte de mobilité et le manque de réactivité qu’il entraîne. En général, les réserves sont équipées d’observatoires dans lesquels il est possible de trouver un appui.

L’utilisation du mode rafale peut être judicieuse pour les oiseaux en mouvement, notamment en vol. La probabilité d’avoir une photo nette est accrue.

Composition des images

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Héron garde bœuf

Les règles habituelles (règle des tiers, points de force) s’appliquent aussi à la photo d’oiseaux. Pour les oiseaux en gros plans, la mise au point se fait sur les yeux et on cadre de manière à positionner le sujet du côté opposé à la direction du regard.

On veille aussi à situer l’oiseau dans son environnement en évitant les obstacles souvent présents dans les réserves (poteaux, bâtiments, …). Les oiseaux étant proches, on est souvent tenté de les prendre en gros plan, mais un cadrage plus large de l’habitat donnera souvent de meilleures photos.

Image ci-contre : l’oiseau est placé sur un point de force et l’image est dégagée dans le sens de son regard. Le filtre Filmique a permis de récupéré du relief dans le plumage blanc

Post traitement

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Scène de nourrissage d’un jeune

Le post traitement servira surtout à

  • recadrer l’image, car on n’a pas toujours le temps de fignoler la composition à la prise de vue. On peut profiter du recadrage pour augmenter  la taille d’un sujet, mais il ne faut pas abuser de cette possibilité car elle est surtout très efficace pour mettre en évidence les défaut de l’image, notamment le manque de netteté,
  • améliorer le contraste de l’image car il est  atténué à pleine ouverture
  • renforcer, sans excès, la saturation des couleurs pour mettre en évidence les couleurs des oiseaux et de leur environnement
  • améliorer sans excès la netteté pour obtenir un meilleur rendu des détails, notamment sur les plumes.

Pour ma part je réalise ces traitements sur les fichiers raw avec Darktable en utilisant les fonctions :

  • Recadrer/pivoter pour recomposer l’image si nécessaire et redresser l’horizon dans les plans larges
  • Filmique pour étendre la dynamique de l’image et obtenir plus de détails dans les hautes et basses lumières.
  • Contraste local pour améliorer le rendu des détails
  • Contraste lumière saturation pour un meilleur rendu des couleurs
  • Velvia pour obtenir des tons chauds.

Image ci-contre : le cadrage a conservé volontairement la ligne d’oiseaux du bas pour donner plus de profondeur à l’image

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Voir aussi l’article Pratique photo – photographier les oiseaux des mangeoires

One comment

  1. Axelle says:

    Article très intéressant ! J’ai appris de nouvelles choses pour la prochaine fois où je prendrai des oiseaux en photo !

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