Accueil » Eaux vives, comment les photographier

Eaux vives, comment les photographier

eaux vives, aston, torrent
Image 1- Cascade prise à une vitesse lente (1/8e de sec)

Cet album photo d’eaux vives (essentiellement des torrents des Pyrénées) permet de découvrir l’apparence que peut prendre l’eau qui court en fonction des réglages de l’appareil photo et du traitement postérieur de l’image. Comment photographier les eaux vives ? Quand ? Avec quel appareil ? avec quels réglages ? Comment traiter les photos ? Des éléments de réponse à ces questions sont données ci-dessous (cliquer sur les images pour les agrandir).

Photographier les eaux vives, avec quel appareil ?

Tous les appareils permettent de photographier un torrent ou une cascade.

L’exercice sera plus simple si le mode automatique est débrayable et que les modes « priorité vitesse » et « priorité ouverture » sont disponibles.

Un capteur ou un objectif stabilisé permettront d’éviter de transporter un trépied, qui peut se révéler encombrant en balade (aucune des photos de l’album n’a été prise avec un trépied).

Le paramètre essentiel qui concerne l’appareil photo est l’ouverture minimale (plus grand chiffre d’ouverture du diaphragme) de l’objectif qui varie avec la taille des photosites. Sur un APN compact, dont la taille des photosites est très petite, les phénomènes de diffraction, qui rendent l’image floue, interviennent à une ouverture relativement grande (de l’ordre de F5.6), alors que pour un capteur plus grand ils se manifesteront à une ouverture plus faible (F11, F16 en général). En photo d’eaux vives, on est souvent obligé de fermer le diaphragme pour  réduire la vitesse de prise de vue  afin d’obtenir un effet de filets d’eau à l’instar de l’image 1 ci-dessus (voir plus loin pour plus de précision).

Et surtout ne pas oublier de protéger son équipement des projections d’eau.

Photographier les eaux vives : choisir la bonne période

eaux vives, aston, torrent, ariège
Image 2- un torrent en automne

La principale difficulté de la photo d’eaux vives à laquelle on peut se heurter est le contraste entre les hautes et les basses lumières, l’eau au soleil ayant un indice de diffraction élevé. En plein soleil, les teintes claires de l’eau peuvent donc être facilement « carmées » (pas de détail dans les hautes lumières). Les journées nuageuses sont donc les plus appropriées. Un  ciel couvert évitera en effet les trop grands écarts entre tons clairs et tons sombres. Mais si la cascade est à l’ombre ce qui est souvent le cas le matin ou le soir, on évitera aussi ce problème.

La saison est également importante. La période de hautes eaux permettra d’avoir des eaux vives plus vigoureuses et donc des photos plus impressionnantes, mais l’automne donnera de belles couleurs si l’environnement est boisé (image 2). La fin du printemps début de l’été sont un bon compromis entre débit du cours d’eau et qualité de lumière.

Photographier les eaux vives : choisir les bons paramètres d’exposition

L’album  sur lequel s’appuie cet article  présente des photos de torrents prise sur plusieurs années dans des conditions de prise de vue et des environnements très divers. Les paramètres de prise de vue sont indiqués pour chaque photo, et certaines photos sont reproduites avec des paramètres de prise de vue différents.

eaux vives, torrent, cascade, aston
Image 4- Photo prise au 1/15è
eaux vives, cascade, torrent, caussou
Image 5- Photo prise au 1/60è
eaux vives, torent, caussou
Image 6- Photo prise au 1/1000è

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exposition

On constate au vu de ces photos que l’aspect de l’eau est différent suivant les réglages appliqués. Il est donc possible de jouer avec les paramètres d’exposition pour rechercher un effet particulier :

  • une vitesse lente donnera un effet de filet (Image 4)
  • une vitesse rapide figera le mouvement de l’eau, les gouttelettes paraissent suspendues dans l’air et la cascade est nette et structurée (Image 6)
  • une vitesse intermédiaire donnera un effet … intermédiaire (image 5)

Tout l’art du photographe est de rendre l’aspect de l’eau comme il le ressent. Il n’y a pas de règle en la matière. Dans la série de photos ci-dessus, l’image 5 correspond vraisemblablement  le mieux à l’impression  que l’œil du photographe a perçue.

eaux vives, cascade, torrent
Image 7- mise en valeur des remous et des volumes (1/1000è)

Une vitesse élevée, en figeant la masse d’eau en fera mieux ressortir les volumes et les remous (Image 7).

Pour obtenir une vitesse lente, il faut :

  • soit choisir la vitesse en mode présélection vitesse : l’appareil fixera lui-même l’ouverture, avec le risque de passer au delà de l’ouverture limite et d’avoir des problèmes de diffraction
  • soit fixer l’ouverture en mode priorité à l’ouverture au niveau minimum autorisé par le capteur et l’appareil choisira la vitesse la plus lente compatible avec une bonne exposition.

Dans les deux cas if faut régler la sensibilité au minimum autorisé par l’appareil (en général 100 ou 200 ISO).

Si la vitesse obtenue n’est pas suffisamment lente pour l’effet recherché, on peut utiliser un filtre gris (qu’on a bien sûr toujours sous la main …) ou plus simplement … placer ses lunettes de soleil (propres) devant l’objectif.

 

 

 

Mesure de la lumière

image 8 – histogrammes d’exposition

Il faut programmer l’appareil en mesure évaluative ou multi-zone pour obtenir une exposition moyenne la plus adaptée à la scène photographiée.

Pour garder de la matière dans les hautes lumière, il faut correctement les exposer. L’histogramme doit être dans la mesure du possible décalé  vers la droite (image 8 haut)donc en surexposant légèrement l’image. Il faut toutefois éviter qu’il soit coupé à droite (Image 8 bas), ce qui signifierait qu’une partie des hautes lumière est cramée.

 

Photographier les eaux vives : assurer une bonne composition

Comme toujours quand on photographie un sujet particulier inscrit dans un environnement donné, il est préférable de lui donner une échelle (rocher, souche en premier plan par exemple). La prise de vue en contre plongée (au ras de l’eau) peut permettre d’attendre cet objectif.

Les règles habituelles de composition doivent être dans la mesure du possible respectées : surface supérieure de l’eau la plus proche d’une ligne des tiers, composition en diagonale, lignes de fuite… mais rien n’interdit de réaliser des compositions originales, notamment pour créer des effets particuliers.

Un premier plan permettra de donner du relief à l’image (rochers, plage de galets, feuillage).

Le choix de la focale de l’objectif est déterminant pour la composition de l’image. Une courte focale permettra d’insérer le sujet dans son environnement, choix a réaliser quand cet environnement est remarquable (Image 2). Une plus longue focale donnera plus d’importance au sujet (Image 7).

Post traitement des images

eaux vives, température de couleur
Image 9- température de couleur 6500K
eaux vives, température de couleur
Image 10- Température de couleur 10000K

Compte tenu de l’étendue tonale et du contraste d’une scène d’eaux vives, il est quasiment indispensable de travailler en Raw pour conserver au maximum l’échelle des intensités lumineuses. Une image JPEG ne conservera que 256 nuances par couleur, alors qu’une image Raw pourra en enregistrer plusieurs milliers voire millions. En Raw, on disposera donc de plus de latitude pour faire apparaitre des nuances dans les tons sombres et dans les tons clairs.

Dans GIMP, la fonction tons sombres/tons clairs (Couleurs/Tons sombres-Tons clairs) sera très utile pour récupérer de la matière dans les hautes lumières (tons clairs) très souvent sous-exposée si on n’a pas pris la précaution de légèrement surexposer l’image.

Il faut également être vigilant quant à la température de couleur, et jouer dans GIMP sur ce paramètre (Couleurs/température de couleur)  en modifiant la température de couleur pour obtenir les blancs les moins colorés possible (images 9 et 10); ils peuvent être parfois  légèrement bleutés  suivant les conditions de prise de vue.

Voir l’album de photos de torrents

Voir tous les tutos photo numérique